Le type dans la librairie parle de moi à sa collègue, il m'appelle par mon prénom. C'est étrange d'habiter une bouche.
J'aime les premières heures du jour. J'aime les mots qui y viennent. J'aime regarder le monde qui dort. Je m'y sens moins seule que partout ailleurs.
J'aime les gares aussi. J'aime les derniers instants du trajet, quand il y a l'espoir violent d'apercevoir quelqu'un sur le quai.
Souvent, il pleut dans ma tête.
Je vais aimer conduire de nuit, aux lumières jaunes des lampadaires, quand les pavés font un bruit d'orage sourd.
Sur le quai, peu de gens s'attendent.
Je ne suis pas attendue.
J'attends quand même.
Ma folie est un cadeau. Parfois.
Le poids de son corps dans le matelas fait rouler le mien sur sa peau.
Jean m'a laissé un peu seule. Jean est parti un peu vite.
Il arrive que ma tête déborde de pluie.
Quand je noue un noeud papillon, je me souviens des vieilles mains qui me l'ont appris sur les chants des grillons.
Je suis l'austère d'Axel. Les gens n'aiment pas se souvenir des jours gris.
Trois jours, c'est presque long quand on attend quelque chose.
"Quel âge avais-tu lorsqu'il est mort dans ta tête?"
C'est quand que l'artiste arrête de parler de lui?
Colombe ça ne résonne que sur sa bouche.
C'est loin encore? C'est bientôt " se revoir " ?
"Quelqu'un passe l'aspirateur, sur ma ligne de vie".